Le smart beta est une stratégie d’investissement qui combine investissement passif et recherche d’une surperformance par rapport aux grands indices boursiers, par l’exploitation de caractéristiques spécifiques dans la sélection de valeurs.
Le beta mesure l’amplitude des variations d’un investissement par rapport à un autre.
Certaines actions sensibles au cycle économique ont un beta supérieur à 1 : elles amplifient les variations des marchés. Par exemple une action qui a tendance, historiquement, à doubler les variations de marché (monter de 4% lorsque l’indice monte de 2%, baisser de 2% lorsque l’indice baisse de 1%, etc.) a un beta de 2.
A l’opposé, les actions plus défensives ont un beta inférieur à 1 : elles atténuent les variations, en évoluant de 0,5% par exemple lorsque le marché prend 1%.
Les ETF indiciels cherchent à obtenir un beta de 1 : lorsqu’un indice boursier monte de 5%, ils cherchent à monter de 5%. Lorsque l’indice baisse de 5%, ils cherchent à baisser de 5%.
Le beta est une mesure complémentaire à celle de la corrélation. En effet, la corrélation cherche à mesurer la fiabilité de la relation entre deux séries, tandis que le beta mesure l’amplitude relative.
Le beta fait partie de la théorie des marchés efficients, qui postule que le plus rationnel pour un investisseur consiste à investir dans l’ensemble du marché financier. Le beta est alors l’un des leviers que l’investisseur peut utiliser pour trouver le niveau de risque adapté à son tempérament.
Le smart beta regroupe un ensemble de stratégies qui visent à construire des indices de façon différente par rapport aux indices boursiers traditionnels.
Plutôt que de suivre un indice pondéré par les capitalisations ou les flottants, les indices smart beta ajoutent des filtres ou des règles supplémentaires. Il peut par exemple recréer un indice en n’utilisant que les valeurs correspondant à certains critères (un rendement du dividende élevé, une faible volatilité, etc). Un indice smart beta peut aussi pondérer les indices existants de façon à donner un poids plus important aux valeurs correspondant à ces critères.
La théorie sous-jacente est que le marché est globalement efficient, mais qu’il existe des petites poches d’inefficience que l’on peut exploiter de façon systématique.
Les stratégies smart beta sont mises en œuvre comme des stratégies indicielles classiques : les règles de construction de l’indice sont clairement définies et généralement transparentes.
Les stratégies suivantes s’appuient sur ce que l’on nomme les “facteurs” : des caractéristiques propres à certaines actions qui expliquent une partie de leurs variations en sus des variations de marché. On parle aussi parfois d’investissement factoriel.
Par exemple, les ETF smart beta basé sur les dividendes cherchent à répliquer le plus fidèlement possible leur indice de référence.
Les ETF indiciels visent toujours un beta de 1 par rapport à leur indice de référence. C’est l’indice suivi qui est différent. Ce n’est pas le MSCI World, mais la version axée sur les dividendes du MSCI World.
Pour suivre une stratégie smart beta, il faut donc :
Selon les fiches techniques éditées par MSCI :
Les utilisateurs de smart beta cherchent l’exploitation d’une inefficience supposée des marchés. Ils peuvent aussi considérer que le smart beta leur offre un meilleur rapport rendement/risque.
C’est une forme de gestion active, puisqu’elle s’écarte des indices traditionnels, mais qui permet de bénéficier des avantages de la gestion indicielle puisqu’elle a généralement, grâce aux ETF, des coûts de gestion inférieurs à ceux des fonds gérés activement, grâce à l’usage de règles.
Les investisseurs peuvent aussi y voir un facteur de diversification de leur portefeuille, via l’exposition précise à un style d'investissement. Toutefois, cette diversification est discutable, car par principe, les valeurs comprises dans un indice smart beta partagent des caractéristiques communes.
Les frais sont nécessairement plus élevés que le pur investissement indiciel, car le travail est supérieur de la part de la société de gestion de l’ETF. Ils sont aussi plus élevés car la concurrence est moindre, et, les encours de chaque ETF étant plus faibles, les coûts fixes sont moins bien amortis.
En outre, puisque les valeurs ne sont plus pondérées par capitalisation dans l’indice, les rebalancements sont plus fréquents. Cela peut occasionner des coûts de transaction qui se répercutent sur les performances.
Enfin, le smart beta peut être la source de désillusions : aucune stratégie ne fonctionne éternellement. Les marchés sont cycliques. En conséquence, comme pour la gestion active, bien investir en smart beta demande de réaliser un market timing afin d’anticiper quelles stratégies et quels facteurs de risque auront le vent en poupe. Les performances passées ne présagent pas des performances futures !
Les stratégies "smart beta" peuvent être sur-optimisées, ce qui signifie qu'elles peuvent être trop complexes et dépendantes de données historiques qui peuvent ne pas être pertinentes dans le futur. Cela peut conduire à une performance inférieure à celle attendue.
Les stratégies "smart beta" peuvent être sujettes à une concentration dans certaines industries ou certaines entreprises si les facteurs de sélection et de pondération ont une forte corrélation avec ces secteurs. Par exemple, les stratégies axées sur les dividendes donnent un poids élevé aux valeurs du secteur financier et aux valeurs pétrolières.
Les ETF "smart beta" peuvent investir dans des titres moins liquides que ceux des indices traditionnels, ce qui peut rendre leur négociation plus difficile dans des conditions de marché défavorables. Cela peut constituer un risque supplémentaire, peu visible lorsque l’on observe seulement la volatilité passée.
Les stratégies "smart beta" sont souvent basées sur des modèles mathématiques complexes qui peuvent comporter des hypothèses incorrectes, ou peu stables dans le temps, ce qui peut affecter négativement la performance ou la consistance de la stratégie.