Méthodes de réplication
Un fonds indiciel a un objectif : reproduire, à chaque instant, la performance d’un indice boursier, à la hausse comme à la baisse.
Il existe trois principales méthodes de réplication d'un indice par un fonds indiciel :
- la réplication physique
- la réplication synthétique
- la réplication par échantillonnage.
La réplication physique
Dans la réplication physique, l'ETF achète les titres financiers sous-jacents de l'indice dans les mêmes proportions que l'indice. Par exemple, un ETF qui réplique l'indice S&P 500 achètera les 500 actions qui composent l'indice en respectant les pondérations de chaque action.
La réplication physique est la méthode la plus courante de réplication d'un indice par un ETF. Elle est généralement considérée comme la méthode la plus sûre et la plus transparente. Cependant, elle peut également être la méthode la plus coûteuse, car l'ETF doit payer des frais de courtage pour acheter et vendre les titres financiers sous-jacents. Les titres les moins liquides peuvent être coûteux à acheter (bid-ask spread) si l’ETF doit acheter une quantité importante relativement aux volumes échangés quotidiennement.
Les ETF indiciels qui répliquent physiquement les indices ont parfois la mention “DR” dans leur libellé, pour Direct Replication.
La réplication synthétique
Parfois, il est plus opportun d’opter pour une réplication indirecte, dite synthétique, qui consiste à répliquer le comportement de l’indice boursier plutôt que son contenu. Cette prouesse est possible grâce aux produits dérivés, des contrats d’échange que le gérant souscrit avec des banques et qui lui assurent une réplication fidèle.
Dans la réplication synthétique, l'ETF n’achète pas les titres financiers sous-jacents de l'indice. Au lieu de cela, il achète un portefeuille différent de celui de l’indice, puis conclut un contrat de swap (contrat d’échange en français) avec une contrepartie, généralement une banque de premier plan. Selon le terme du contrat de swap, les deux contreparties s’échangent tous les jours la performance de leurs portefeuilles. Ainsi, l'ETF perçoit le rendement de l'indice en échange du rendement du panier de titres achetés à la place.
La réplication synthétique peut être moins coûteuse que la réplication physique, car l'ETF n'a pas à payer de frais de courtage pour acheter et vendre les titres financiers sous-jacents. La banque contrepartie fait généralement payer le swap, mais c’est moins onéreux que d’acheter
L’opération fait porter un risque de contrepartie à l’émetteur de l’ETF : dans le cas où la contrepartie du swap fait défaut, il ne pourra pas recevoir la performance de l’indice ciblé. En pratique, l’échange systématique de collatéral (une forme de dépôt de garantie), limite très fortement ce risque.
En outre, en cas de défaut, l’ETF ne reçoit pas la performance de l’indice, mais conserve sa propre performance, car il détient bien un portefeuille de titres. Les investisseurs ne perdraient pas tout leur argent : le risque ne porte que sur l’écart de performance entre les deux portefeuilles.
La réplication synthétique est parfois nécessaire, par exemple pour investir dans les pays où l’achat en direct de titres est difficile. Elle permet aussi de rendre éligible au PEA certains ETF investis sur des zones hors Europe. C’est aussi un moyen d’optimiser la performance des ETF via l’optimisation de la fiscalité des dividendes.
L'échantillonnage
Enfin, une troisième méthode consiste à répliquer physiquement un indice, mais sur la base d’un échantillon généralement en supprimant les plus petites valeurs, celles dont les variations ont peu de chances d’influer sur la performance globale. Cette méthode, moins coûteuse en frais de gestion, est aussi moins précise. Elle n’est pas employée grands indices, et est marginalement utilisée sur les indices très larges.
En revanche, elle est couramment utilisée pour les indices obligataires, qui intègrent souvent de très nombreuses obligations dont la plupart ne s’échangent que très rarement sur les marchés organisés.
Réplication physique ou synthétique ?
Il n’y a pas de choix objectivement meilleur qu’un autre. Même si les puristes préféreront la réplication physique, la qualité de la réplication est souvent meilleure et mieux contrôlée en réplication synthétique.
La “tracking difference” et la “tracking error” mesurent la qualité de la réplication
La tracking différence est la différence entre la performance d'un fonds indiciel et son indice de référence, corrigée des frais de gestion. Elle permet de s’assurer que le fonds a bien une performance similaire à celle de son indice.
La tracking error mesure la dispersion de la tracking difference. En effet, deux fonds peuvent réaliser la même performance, l’un en suivant quotidiennement l’indice, et l’autre en suivant l’indice, mais avec parfois de fortes variations, compensés d’un jour sur l’autre. Plus la volatilité de la différence est faible, plus l’investisseur a la certitude qu’il obtiendra une performance proche de celle de l’indice.
La tracking error et la tracking difference sont deux mesures importantes pour les investisseurs qui souhaitent investir dans des fonds indiciels.
Un bon ETF a une tracking difference et une tracking error faible.
Parmi les différentes méthodes de réplication, le gérant de l’ETF choisira celle qui lui semble la plus appropriée en fonction d'un certain nombre de facteurs, tels que le type d'indice, le coût des deux méthodes et le niveau de précision requis.