Produit structuré
Définition
Un produit structuré est un produit financier conçu par un établissement financier et proposé aux épargnants, sous la forme d’un titre de créance présentant un profil spécifique de rendement et de risque spécifique.
Les produits structurés offrent souvent une rémunération qui dépend de l’évolution d’un actif de référence (le sous-jacent) et peuvent bénéficier d’une protection du capital, parfois totale, parfois partielle ou conditionnelle.
* Risque de perte en capital en cas de sortie avant l’échéance et résiliation anticipée du produit ou en cas de défaut de paiement, de faillite ou de mise en résolution de l’émetteur.
Paramètres des produits structurés
Les paramètres des produits structurés sont clairement définis dans la documentation du produit, qui précise notamment :
- l’objectif de gain,
- les modalités de versement des éventuels intérêts,
- l’existence ou non d’une protection du capital,
- les conditions de remboursement du produit structuré,
- la date d’échéance maximale en l’absence de remboursement anticipé,
- les frais, etc.
Puisque chaque concepteur de produit peut imaginer sa propre formule, les possibilités de combinaisons sont presque illimitées et il est impossible d’être exhaustif dans leur description. C’est pourquoi un produit structuré s’étudie toujours au cas par cas.
Fonctionnement des produits structurés
Une combinaison de plusieurs actifs
La plupart des produits structurés combinent :
- une composante obligataire qui assure une protection de capital, cette dernière pouvant être totale, partielle ou dépendre des conditions de marché. Elle peut s’appliquer en permanence ou à une ou plusieurs dates connues à l’avance,
- une composante optionnelle qui permet d’obtenir la performance. Cette composante prévoit une exposition à un sous-jacent selon une formule elle aussi connue à l’avance.
Un sous-jacent qui détermine le profil de rendement
Le rendement du produit structuré dépend d’un sous-jacent, qui peut être :
- un indice boursier,
- une action,
- un taux d’intérêt,
- le cours d’une matière première…
L’évolution de ce sous-jacent détermine la rémunération versée par le produit structuré.
Une durée de vie limitée et parfois des remboursements anticipés
Les produits structurés ont une durée de vie limitée. Une fois la date d’échéance atteinte, le dernier coupon est payé et le capital est remboursé. Certains produits prévoient aussi un mécanisme conditionnel de remboursement anticipé : le produit est alors remboursé prématurément si un certain scénario de marché se réalise.
Les avantages et inconvénients dépendent du type de produit structuré, mais voici quelques avantages généralement recherchés par les investisseurs :
- Les objectifs de gain et le potentiel de perte sont connus à l’avance : certains investisseurs peuvent préférer cette lisibilité plutôt que d’investir sur les directement sur les marchés,
- La présence d’un remboursement anticipé (le cas échéant) peut être un avantage pour certains investisseurs,
- Le capital peut être protégé, ce qui peut répondre à un besoin d’investissement prudent
- La gamme de produits étant large, ces produits peuvent offrir selon les cas diversification, couverture, levier, performance…
- Les investisseurs institutionnels peuvent créer des produits structurés ad hoc correspondant précisément à leurs besoins ou leurs anticipations de marché.
En règle générale, les investisseurs en produits structurés apprécient la grande diversité de ces produits, qui permet de répondre à des besoins variés.
Inconvénients des produits structurés
- Pour certains produits : le risque de perte en capital,
- Pour certains produits : la durée de l'investissement parfois inconnue à la souscription,
- Pour certains produits : le plafonnement des gains qui peut décevoir en cas de marché haussier,
- L’indice sous-jacent est parfois opaque ou difficile à suivre,
- Les frais de ces produits sont supérieurs à ceux des ETF.
Risques des produits structurés
Risque de crédit
Techniquement, le produit structuré est la plupart du temps une obligation : l’investisseur est créancier de l’émetteur. Si l’émetteur n’est pas en capacité d’honorer ses engagements (défaut de paiement, faillite…), l’investisseur subira une perte en capital, indépendamment des résultats du produit structuré.
Certains produits structurés existent toutefois au format OPCVM (alors appelés fonds à formule ou fonds à promesse), ce qui limite ce risque.
Risque de liquidité
L’investisseur qui souhaite récupérer son argent avant le terme doit demander la vente de son produit auprès du commercialisateur ou de l’émetteur. La sortie se fait alors au prix du marché, donc sans protection ou garantie de capital. En outre, certaines conditions de marché peuvent rendre difficile, voire impossible, la revente du produit en cours de vie.
Pour se prémunir de ce risque, il faut considérer que le produit structuré est un placement bloqué jusqu’au terme maximal prévu. Dans leurs projections personnelles, les investisseurs ne doivent pas anticiper un remboursement anticipé d’un autocall.
Risque de perte en capital
Sur les produits qui ne sont pas garantis à 100% en capital, il est possible de subir une perte en capital en cas notamment de scénario défavorable. La perte en capital se matérialise par un remboursement final du produit inférieur au capital versé.
Risque de manque à gagner
L’investisseur peut subir un manque à gagner, par exemple dans le cas où le marché est en forte hausse et alors que le produit prévoit un plafonnement des gains en contrepartie de la garantie en capital du produit.
Risque de réinvestissement
Certains produits structurés versent un coupon élevé avec des possibilités de remboursement anticipé par l’émetteur. La survenue d’un remboursement anticipé peut être une bonne ou mauvaise nouvelle pour l’investisseur, selon les opportunités de replacement dont il dispose et le contexte de marché.
Questions fréquentes concernant les produits structurés et fonds à formule
Comment apprécier le risque des produits structurés ?
En finance, il n’existe pas de “repas gratuit”. Ce dicton signifie que tout rendement au-delà du taux sans risque (le taux monétaire) s’obtient nécessairement par une prise de risque.
Cependant, le risque n’implique pas forcément une perte en capital : c’est justement l’avantage de ces produits par rapport aux produits de marché comme les ETF.
Avec les produits structurés, le risque peut s’exprimer sous la forme de :
- incertitude sur la date de remboursement,
- moindre participation aux hausses de marché,
- protection du capital conditionnelle, etc.
Par exemple, un investisseur prudent et averse au risque mais désireux d’exposer son patrimoine aux marchés financiers peut s’intéresser à un produit structuré - théorique - qui proposerait :
- une participation aux hausses des marchés financiers plafonnée (par exemple, limitée à 5% par an),
- et une garantie en capital en cas de baisse des marchés, assurant ainsi une performance minimale de 0% chaque année.
À long terme, cet investisseur gagnera probablement moins qu’un investisseur qui aurait investi à 100% dans l’indice boursier, mais il aura bénéficié d’une protection du capital.
Les produits structurés reviennent toujours à modifier le profil de rendement et de risque d’un sous-jacent afin de créer un profil adapté à certains investisseurs.
Faut-il investir en produits structurés ?
Les produits structurés ne sont pas strictement nécessaires dans un patrimoine. Une allocation diversifiée et correctement répartie entre actions et obligations peut répondre à l’essentiel des besoins de construction d‘un patrimoine.
Cependant, les produits structurés peuvent avoir leur utilité à des fins de diversification ou pour exprimer un scénario économique et financier particulier. Ils jouent alors le rôle de complément dans un portefeuille.
C’est souvent la cerise sur le gâteau d’un patrimoine déjà constitué, qui apporte une couche de diversification supplémentaire.
Comment bien choisir son produit structuré ?
- Consultez le Document d’Information Clé (DIC) qui vous est nécessairement fourni avant souscription. Ce document réglementaire présente les informations essentielles sur le produit, sa nature et ses risques, ainsi que sa position sur une l'échelle de SRI (indicateur de risque standardisé) qui va de 1 à 7 (du moins risqué au plus risqué).
- Assurez-vous de bien comprendre la formule et son application en vous aidant des scénarios de performance présentés. Ces scénarios sont basés sur des exemples tirés du passé et sur certaines hypothèses. Ils présentent les performances simulées du produit dans différents environnements économiques.
- Assurez-vous que vous tolérerez le risque, y compris dans le cas le plus défavorable.
- Intégrez vos anticipations de marché : un produit disposant d’une forte protection se comportera mieux qu’un investissement indiciel dans les marchés baissiers, mais moins bien dans un marché haussier.
- Veillez à ce que les frais (parfois opaques) ne soient pas excessifs au regard de la performance espérée.
- Prenez garde aux indices boursiers utilisés comme sous-jacents. Des sous-jacents exotiques rendent l’appréciation du potentiel du produit opaque. Par exemple, si votre rémunération est indexée sur un indice boursier hors dividendes, vous réaliserez à long terme une performance inférieure à celle indexée sur un indice à dividendes réinvestis. Privilégiez des indices reconnus et faciles à suivre.
Comment acheter un produit structuré ?
Les produits structurés ne s’achètent pas en Bourse à l’instar des ETF ou des actions. Ils ne peuvent pas non plus être souscrits auprès d’une société de gestion comme pour un OPCVM.
De par leur nature, les produits structurés sont émis ponctuellement, pendant une courte période de quelques semaines ou quelques mois. Pour acheter un produit structuré, il faut donc rester attentif aux nouvelles émissions et savoir se montrer réactif.
Les produits s’achètent en passant un ordre auprès de l’intermédiaire qui regroupe les souscriptions. Les produits s’achètent généralement au pair (à 100% de leur valeur de remboursement), mais des exceptions peuvent exister.
Quelle est la fiscalité des produits structurés ?
Les produits structurés sont le plus souvent des obligations. Dans ce cas, les revenus suivent la fiscalité des intérêts et revenus de capitaux mobiliers : les coupons sont éligibles au PFU (Flat Tax).
Toutefois, certains produits structurés peuvent aussi être intégrés dans un contrat d'assurance-vie sous forme d’unités de compte. C’est alors la fiscalité de l’assurance-vie, plus avantageuse, qui prévaut.
NB : Le traitement fiscal d’un produit dépend toujours de votre situation personnelle, qui peut différer du cas présenté ici.
Le vocabulaire des produits structurés
- Émetteur : Institution financière qui crée le produit structuré et assure le règlement des coupons et du capital aux investisseurs.
- Sous-jacent : l’indice boursier, l’action, le taux d’intérêt, la matière première… qui sera utilisé dans les formules du produit structuré.
- Call : le remboursement anticipé du produit par l’émetteur.
- Barrière (ou barrière désactivante) : le seuil, généralement à la baisse, qui déclenche certains événements tels qu’une perte de la garantie.
- Plafond : dans les produits à participation limitée, c’est le maximum qu’il est possible de percevoir, même si le sous-jacent réalise une performance supérieure.
- Effet mémoire : effet par lequel un coupon non distribué peut être accumulé et versé au dénouement du produit.
- Dates d’observation (ou dates de constatation) : dates auxquelles le cours du sous-jacent est observé pour définir le fonctionnement du produit structuré (par exemple, pour occasionner un remboursement anticipé).
- Horizon d'investissement : durée pendant laquelle l'investisseur doit prévoir de détenir le produit structuré.
- Date de maturité : date à laquelle le produit structuré arrive à échéance et les paiements finaux sont effectués en l’absence de remboursement anticipé.
- TRAAB : Taux de Rendement Actuariel Annuel Brut : c’est le rendement, exprimé en base annuelle, du produit financier. Le TRAAB est souvent présenté selon différents scénarios.
- EMTN : Euro Medium Term Note : ce terme désigne une obligation. La plupart des produits structurés ont la nature juridique d’obligations émises par une banque.
- DICI : Document d’Informations Clé pour les Investisseurs.
- SRI : Synthetic Risk Indicator : indicateur de risque standardisé des placements allant de 1 (le moins risqué) à 7 (le plus risqué).
Quelques types de produits structurés
- Autocall signifie “Automatically callable”, soit en français “automatiquement remboursable par l’émetteur”. On parle aussi de “produit à rappel automatique”. Les Autocalls sont des produits structurés qui versent des coupons réguliers et sont remboursés par anticipation si le sous-jacent (actions, indice boursier, etc) franchit un certain niveau. Les produits Autocall présentent donc une incertitude sur la date de remboursement.
- Phoenix : un produit structuré de la forme Phoenix verse des coupons périodiques tant que le sous-jacent n'a pas franchi une barrière désactivante, généralement à la baisse. Le produit permet donc de percevoir des coupons réguliers en cas de hausse, de stabilité ou de légère baisse du sous-jacent. En revanche, si le sous-jacent touche la barrière désactivante, les coupons cessent d’être versés et le capital investi peut perdre sa garantie, exposant l'investisseur à une baisse proportionnelle à celle du sous-jacent.